BASE VIE

Goussainville (FR) – Lauréat

DONNÉES DE L'ÉQUIPE

Représentant d'équipe : Florent Vidaling (FR) – architecte ; Associés : Camille Le Bivic (FR) – architecte
Collaborateurs : Raphaël Hoyet (FR) – urbaniste ; Juliette Touchais (FR) – architecte

Paris – France
+33 6 46 29 61 34 – florent.vidaling@gmail.com

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C. Le Bivic & F. Vidaling

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?

Florent Vidaling et Camille Le Bivic ont étudié ensemble à l’école d’architecture de Nantes. Puis, en parallèle de leurs parcours professionnels, ils ont régulièrement travaillé conjointement sur des projets et concours, notamment pour Europan 12 en Suisse. Cette association repose à la fois sur une approche commune dans la manière d’observer la ville et de participer à son évolution, et également sur la complémentarité de leurs expériences à la fois en urbanisme et en architecture. De plus, ils ont tous deux travaillé dans le contexte de la ville sud-américaine (Lima, São Paulo), où la question du projet répond à des temporalités et un pragmatisme différent.
L’équipe intègre également deux collaborateurs, Juliette Touchais et Raphaël Hoyet, qui ont intervenu ponctuellement pour apporter un regard extérieur critique précieux dans le processus de conception du projet.

 

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

Le projet s’inscrit dans un territoire où se superpose un ensemble de paradoxes. Si le site du Vieux Pays de Goussainville subit de très fortes contraintes (nuisances sonores en premier lieu), ces dernières ont contribuées malgré elles à constituer un quartier de Goussainville atypique et disposant de nombreux atouts à valoriser (habitants, paysage, patrimoine, position métropolitaine, etc.)
A partir de ce constat, la problématique principale du projet a été d’organiser la protection conjointe des habitants, du patrimoine bâti et de futures activités économiques. Pour cela le projet urbain et architectural s’appuie sur une coopérative, qui permet l’implication commune, équilibrée et localisée des différents acteurs (habitants, collectivités territoriales, acteurs économiques, Architecte des bâtiments de France, maitrise d’œuvre, etc.). Cette forme collaborative permet d’installer un cadre de dialogue et de projet capable de s’adapter au cours du processus. Dans le contexte de Goussainville, elle stimule l’implication des acteurs déjà présents, implique de nouveaux acteurs intéressés pour investir le village.
Créer une coopérative pour le Vieux Pays c’est mettre en œuvre le partage d’une vision, mais aussi le partage d’expériences, de savoir-faire, à travers l’insertion professionnelle et sociale pouvant être concrétisées par l’acte de rénover par exemple.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

La mutation du site questionne les deux types de périmètres de protection présents sur le site (contre les nuisances sonores d’une part, et pour la protection du patrimoine d’autre part), générant un arbitrage délicat touchant les questions d’intervention et de programmation. C’est cette particularité qui a conduit la municipalité à disposer aujourd’hui d’un important patrimoine bâti inoccupé et dégradé dans le Vieux Pays.
La problématique principale du projet se traduit à travers la manière de rénover ce patrimoine et de sa destination. Ce n’est donc pas un projet spatial et une programmation déjà définie qui est proposé à ce stade, mais une réflexion sur la structure à même de porter le projet sur le long terme. Par exemple, inscrire ce projet dans le cadre coopératif implique ici l’engagement des futurs acteurs dans le quotidien du Vieux Pays en amont, avant même de profiter de son cadre rénové.
Inspirée des abris de chantier appelés communément « base vie », la Base Vie de Goussainville accueille la maison du projet, les futurs acteurs-entrepreneurs en attente de locaux rénovés dans un lieu de partage avec les habitants, les ouvriers et les visiteurs.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

A l’occasion d’Europan12, dans le contexte de la mutation d’un site industriel dégradé à Couvet en Suisse, nous avions imaginé des solutions pour pérenniser des activités économiques fragiles en parallèle d’une modernisation pouvant être mise en œuvre suivant différentes temporalités. La question de l’adaptation du site à un projet sur le long terme était alors traduite par la mise en place d’une structure « spatiale », alors que Base Vie propose également de réfléchir à une structure « sociale », un abri social et spatial. D’autre part, dans le cadre de missions au sein d’agences d’architecture et d’urbanisme, nous avons mené des réflexions autour de la question des nuisances créatrices qu’impliquent les grandes infrastructures et les potentiels de projets qu’elles peuvent générer.
Plusieurs références ont nourri la réflexion de ce projet. Nous avons notamment été sensibles au travail de l’agence Construire, pour la conception du projet avec les habitants, l’installation d’une « permanence architecturale » et d’un pilote au cœur du quartier (La maison de Sophie à Boulogne-sur-Mer, l’îlot Stephenson à Tourcoing) et la question du chantier ouvert au public (construction du « Point Haut » à Saint-Pierre-des-Corps). Une structure protectrice telle que le projet de Foster + Partners pour le Vieux Port à Marseille nous laisse imaginer comment une structure légère à même de protéger un chantier peut créer l’événement. De manière plus générale c’est le principe même des bases vies de chantier qui nous a inspiré pour ce projet : une structure temporaire, parfois installée à même la rue, pouvant accueillir rapidement des usages divers et se présentant comme le « foyer » du chantier en abritant vestiaires comme salles de réunions et de convivialité.

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Ce qui nous semble important dans le contexte du Vieux Pays de Goussainville c’est de poser les fondations d’une coopération solide sur le long terme. En ce sens, il faut penser la temporalité à plusieurs échelles : le projet doit commencer vite, dès demain, tout en s’inscrivant dans le temps long. Ce chantier « caméléon » va devoir s’adapter à des contextes économiques, structurels et humains en constante évolution. Le projet est donc pensé comme un processus en constante réinvention.
Interroger les temporalités, c’est aussi accepter de ne pas définir une image finale, mais un processus en marche. Nous avons proposé un planning hiérarchisant dans le temps les actions à mener et imaginant quels acteurs à impliquer aux différentes étapes du projet.

 

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

C’est la première fois que nous avons le plaisir d’être primé à l’occasion de ce concours. Cela représente pour nous une opportunité particulièrement importante en tant que jeunes professionnels, à même de nous permettre d’accéder à la commande en notre nom et de se constituer ainsi de premières références. Le contexte spécifique du concours Europan est aussi l’occasion de mettre en œuvre des processus de projet alternatifs tout en impulsant la définition d’une structure de réflexion urbaine et architecturale.