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Pont-Aven (FR) - Lauréat


© Guillaume Mithieux

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Associés : Victoire Coizy (FR) – architecte, urbaniste, Léa Mellet (FR) – urbaniste, Chloé Monchalin (FR) – architecte, William Roth (FR) – architecte paysagiste
Collaboratrice : Juliette Gonnin (FR) – architecte

75020 Paris, France
chloe.monchalin@hotmail.fr

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PORTRAIT D'ÉQUIPE

VIDEO (par l'équipe)

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?
L’équipe s’est constituée début 2021 avec le souhait de travailler ensemble hors de nos contextes habituels, professionnels ou académiques. Il nous est apparu évident, pour répondre aux demandes du concours Europan 16, de former une équipe pluridisciplinaire autour de valeurs communes. Nous avions déjà eu l’occasion de travailler ensemble par le passé, au sein d’agences et d’échanges internationaux.  Après quelques années de pratique de l’architecture, l’urbanisme et le paysage en tant que salarié.e.s, nous souhaitions confronter nos visions et développer un projet avec davantage de liberté, hors d’un cadre prédéfini. Les liens d’amitié et les relations de confiance qui nous unissent ont été primordiaux pour élaborer une réponse qui nous corresponde à tou.te.s.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question de la session sur les Villes vivantes ?
Nous sommes tou.te.s les quatre convaincu.e.s que le temps, les rythmes, les cycles, sont une matière fertile pour penser l'urbanisme. D’autant plus que le temps est compté : l’urgence du changement climatique impose de changer les manières de faire et de vivre la ville, de réduire la cadence. Dès notre première visite de la Belle Angèle, nous avons été frappés par l’entrelacement, sur site, des rythmes humains et des cycles naturels. Pont-Aven est situé au fond de l’aber de l’Aven le fleuve rencontre l’océan. Jusqu’au centre-ville, la baie est soumise aux variations des marées et, suivant les saisons, le fleuve accueille les migrations des truites, saumons et anguilles. Par sa situation et son orientation, le site est particulièrement influencé par la course du soleil, l’oscillation de la luminosité et des couleurs, les cycles de végétation du printemps à l’hiver. Sa position en entrée de ville dans un territoire encore rural et proche du littoral, de part et d’autre de la route départementale, en fait le témoin des mobilités humaines, des rythmes pendulaires quotidiens ainsi que du flux et reflux saisonnier de l’activité touristique. Enfin, la Belle Angèle s’inscrit dans son histoire longue, à la fois artistique et ouvrière, dont l’héritage est encore bien visible et auquel s’ajoutent les traces d’occupations alternatives et éphémères. Nous avons donc souhaité ancrer notre réponse dans cette réflexion autour des rythmes humains, des cycles naturels et de leurs synchronisations, à partir des ressources temporelles ou matérielles collectées sur le site et son grand territoire. 

3. Comment les problématiques sur les vitalités métaboliques et inclusives et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Pour ne pas livrer dans quelques années des espaces déjà inadaptés, nous avions à cœur de nous extraire du vieux modèle avant/après en osant de nouveaux processus de fabrication qui laissent la place à l’imprévu, au test, à la surprise. Pour nous, c’est d’abord accepter le temps de l’enfrichement : permettre tout de suite l’ouverture et le réinvestissement de certains espaces et mettre à disposition les interstices de l’espace (on y  invite le vivant, non seulement à investir les délaissés, mais à coloniser les espaces artificialisés : on casse le macadam pour recomposer des milieux vivants grâce aux anciens matériaux du site, on ménage des cycles complets de développement de végétation, de décomposition, et de reconquête des faunes et microfaunes). C’est ensuite penser le développement du projet urbain comme une formidable opportunité d’évolution dans le temps et dans l’espace, en utilisant les ressources du site pour écrire son histoire future : la pépinière où grandiront les arbres à planter sur site deviendra un parc, face aux logements. Les systèmes constructifs intègrent la réutilisation des matériaux sur site et, couplés à l’organisation spatiale, permettent de programmer aujourd’hui une centaine de logements, avec la possibilité demain de densifier pour accueillir de nouvelles et nouveaux habitant·e·s. Intégrant les mutations d’un habiter plus collectif, le décloisonnement des activités et les besoins d’adaptabilité, les programmes de logements comprennent un ensemble de services et de lieux mutualisés où les modes de vie se synchronisent et s’enrichissent : laveries, micro-crèches, espaces de télétravail ou de jeux, garages et ateliers partagés. Le projet répond aussi aux temporalités liées aux saisons, aux temps de mutation et de construction pour une programmation inventive des espaces-temps qui invite à la cohabitation des usages et activités : imbrication des logements saisonniers, des réserves foncières avec des espaces de vie, et des lieux de production à partir des ressources du grand territoire de l’Aven.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Au cours de nos expériences professionnelles respectives, nous avons déjà pu effleurer les problématiques de villes vivantes, de rythmes humains et de cycles naturels. Cependant, nous n’avions jamais eu l’occasion d’y réfléchir en profondeur, au prisme de nos visions personnelles et surtout au sein du même projet. Le concours Europan a été l’occasion de mener des recherches plus approfondies et d’entremêler ces questionnements au bénéfice du développement de notre proposition. Nous avons nourri notre positionnement théorique des recherches initiées par le 6ème cycle de la Revue Sur Mesure intitulé “Battre aux rythmes de la ville”, ainsi que des écrits de géographes ou d’interventions menées dans le cadre de l'exposition “La beauté d’une ville” au Pavillon de l’Arsenal en 2021. Notre vision de l’espace public et du paysage proposer aux Pontavénistes s’est aussi forgée au travers de projets manifestes et des théories développées par Gilles Clément sur le tiers-paysage. Les approches de l’agence Construire et notamment de Sophie Ricard (permanence architecturale), ou encore de l’Atelier LUMA à Arles sur la revalorisation de matières naturelles dans la construction de la ville de demain ont aussi guidé notre réflexion à l’échelle architecturale et programmatique pour le site de la Belle Angèle. 
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
Notre projet propose de composer avec les Pontavénistes un “quartier-atelier” qui profite de sa situation en entrée de ville pour tester et adopter une temporalité et un espace urbain plus organiques fondés sur le décloisonnement, la mutualisation, la modularité et la réversibilité des lieux et des usages. Puis, si cela fonctionne, les essaimer sur le territoire de l’Aven. Nous avons proposé une première collecte des ressources, temporelles ou matérielles, dont dispose le territoire, associée à une boîte à outils adaptée et située. A partir de là, nous avons choisi d’illustrer une possibilité, parmi d’autres, d’aménagement du site dans l’espace et dans le temps. Inspirés par les nouveaux processus de projet, nous avons par exemple proposé de conserver l’une des halles pour faire office de maison du projet et accueillir les permanences des architectes-urbanistes depuis l’étude de faisabilité « en actes » jusqu’au chantier, ainsi que les temps de co-construction entre habitant·e·s. D’autres méthodes et d’autres outils sont encore à inventer, à observer, à développer. A l’image des interstices de l’espace réappropriés au bénéfice d’activités d’intérêt collectif, les interstices du temps permettent d’inventer les alternatives économiques et juridiques qui assureront l’opérationnalité du projet. Pour nous, l’essentiel est de ne pas imposer une programmation verrouillée, un découpage strict ni un phasage précis : nous avons souhaité esquisser des pistes, éveiller les curiosités, et donner l’envie, pour « remixer » collectivement la Belle Angèle.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan ? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
C’est une première pour nous de participer au concours Europan, d’y être primés est une belle surprise. Nous espérons que ce projet et cette récompense pourront insuffler dans nos carrières de nouvelles dynamiques, que ce soit au sein des agences où nous sommes salarié.e.s aujourd’hui ou lors de travaux indépendants. C’est aussi une belle opportunité pour nous de mettre en avant les sujets d’écologie et d’inclusion qui nous tiennent particulièrement à cœur dans la fabrication de la ville de demain. En ayant mobilisé l’ensemble de nos compétences et stimulé notre créativité, ce travail enrichit considérablement notre pratique professionnelle de l’urbanisme et de l’espace public. Amorcer cette réflexion sur les rythmes humains et les cycles naturels dans la conception urbaine et architecturale nous conforte dans notre pratique très large du territoire, dans la considération de tous ses acteurs et de ses transformations à toutes les échelles du temps et de l’espace. La réflexion prospective qui va suivre, et les échanges à venir avec les autres acteurs de cette recherche (rencontre des équipes sélectionnées, des jurys, du comité d’expert.e.s, des collectivités…) promettent aussi d’être riche d’enseignements.

IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence :
 -
Fonction : architecture, paysage, urbanisme
Âge moyen des associés : 27 ans

Avez-vous composé une équipe pluridisciplinaire et si oui composée de quelles disciplines et pourquoi ?
Nous sommes tous les quatre issus de parcours différents et habités par une même curiosité issue de nos pratiques professionnelles où nous côtoyons d’autres disciplines qui nous nourrissent au quotidien. C’est parce que nous savons que l’enfermement par discipline ne permet pas d’explorer tout ce qui constitue le territoire que nous accompagnons nos métiers d’une pluralité de regards et croisons de nombreuses compétences pour formuler des projets riches, plus complets.
●    Sociologie urbaine et géographie : Nous avons accordé une importance capitale à la visite du territoire pour s'imprégner et avoir une approche sensible du lieu. Être observateur.ice sans se forcer à imaginer un futur nous a permis de mieux ressentir la richesse du site. Après avoir visité le site et échangé avec quelques habitants sur les besoins et fonctionnements possibles de la ville, notre premier réflexe a été de s'intéresser aux données socio-démographiques. Elles nous ont permis d’avoir une vision large du territoire et de ses enjeux, une vision sociale et pas uniquement spatiale.
●    Architecture, paysage et espace public : Nous avons souhaité répondre aux besoins programmatiques en imaginant un projet incluant des occupations temporaires à différentes échelles, spatiales et temporelles. La situation urbaine et l’écriture architecturale des logements, des équipements ainsi que des espaces publics se définissent par une programmation des espaces-temps. Pour viser une entrée de ville la plus inclusive, nous avons veillé à programmer notre site en faisant cohabiter des activités, mutualiser des usages et développer une accessibilité de l’espace public pour toutes et tous. Nous avons pioché dans le champ de l’architecture temporaire et développé des outils pour phaser l’occupation du site, démarches qui permettront à terme de répondre au mieux aux adaptations futures. Toujours dans cette même démarche, il était primordial d’adapter les modes constructifs au temps du projet et de penser la construction dans une valorisation des ressources.
●    Ecologie, le vivant : Le travail sur les écosystèmes dans le développement du projet urbain est aussi important pour les questions programmatiques que faunistiques et floristiques. Nous souhaitions recomposer l’espace en synchronisant les modes de vie de tous les vivants, en leur offrant des milieux propices. Nous voulions aussi traiter les connexions avec les nombreux espaces naturels déjà matures et en croissance du site. Ceci en évitant d'opérer des changements brutaux et instantanés. Pour cela une prise en compte de l'ensemble des fonctionnements des milieux, du sous-sol jusqu’au ciel est nécessaire pour traiter toutes les connexions tant verticales que horizontales.

L’équipe a-t-elle, ensemble en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
Ensemble, non, nous n’avons pas, à ce jour, conçu ni réalisé de projet complet. Cependant, nous avons déjà eu l’occasion de travailler ensemble pendant nos études ou autour de projets communs au sein de la même agence de paysage et d’urbanisme. Notre équipe développe ensemble ou séparément des compétences professionnelles larges, de la réponse aux appels d’offre et concours (exercice particulièrement formateur pour aborder un sujet et un site, cerner les principaux enjeux, esquisser des intentions de projet et les exposer de manière synthétique, à l’écrit comme graphiquement), aux études préliminaires et opérationnelles, sur des sujets et échelles variées, comme des projets urbains, des espaces publics et du logement.

L’équipe dispose-t-elle déjà d’un local de travail ?
Non, l'équipe ne dispose pas à ce jour de local de travail. Pendant le concours, nous avons été attentifs à co-concevoir notre projet “au quotidien” en développant un processus de réflexion adapté rendu possible par notre proximité géographique, dans le 20ème arrondissement de Paris. Nous avons travaillé, en équipe, à la fois sous forme de séances de travail collectives et régulières ainsi que sous forme de workshop “intensifs” plus ponctuels, généralement dans nos appartements respectifs.