Ecole des Arts de la Terre

Auneuil (FR) - Lauréat


Rafael Comby, Olivier Chenevier, Laura Desmaris, Diane Dusser, Karim Lahiani, Alice Barthélémy

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Associés : Alice Barthélémy (FR) – architecte, Olivier Chenevier (FR) – architecte paysagiste, Rafael Comby (FR) – architect urbaniste, Laura Desmaris (FR) – urbaniste, politiste, sociologue, Diane Dusser (FR) – architecte, sociologue, Karim Lahiani (FR) – paysagiste, urbaniste, politiste, géographe

Collectif Calame
14, rue Belgrand, 75020 PARIS
+33 6 30 78 06 92
projet.calame@gmail.com

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PORTRAIT D'ÉQUIPE

VIDEO (par l'équipe)

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?
Notre équipe est née de la rencontre de jeunes architectes, paysagistes, urbanistes et sociologues conscients que leurs pratiques professionnelles respectives doivent évoluer et dialoguer entre elles pour intégrer pleinement les enjeux de notre époque. Nous avons toutes et tous, d’une manière ou d’une autre, vécu une diversité d’expériences et acquis un regard critique à travers nos formations, souvent hybrides ou à travers nos parcours professionnels en agence d’architecture, de paysage et en collectivités territoriales. Les membres de notre équipe ont par ailleurs eu l’occasion de collaborer par le passé, que ce soit au sein d’une même structure, d’une école ou à l’occasion d’autres concours d’idées.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question de la session sur les Villes vivantes ?
Notre projet part d’un constat simple : la modernité a altéré les liens que les habitants pouvaient autrefois entretenir avec des territoires spécifiques comme celui du pays de Bray où se trouve le site d’Auneuil proposé au concours. En promouvant des modes d’habiter standardisés, notre société a fini par appauvrir ces liens riches et singuliers (manières de construire, de parcourir, de travailler, etc.). Au travers des multiples rencontres que nous avons pu réaliser (forces économiques, habitants, etc.), nous avons observé cette déconnexion entre les savoirs, les savoir-faire, et ce pays d’argile. De cette histoire liée au sous-sol, il reste des traces architecturales. Il nous semblait alors évident de révéler ces vestiges en les incluant dans les futurs aménagements et usages du projet, à l’instar de l’usine Boulenger qui sera requalifiée en une Ecole des Arts de la Terre. L’Ecole comme lieu d’enseignement collectif, de transmission et de laboratoire de réflexion tisse les liens entre générations. Nous avons donc travaillé à la création de ce lieu, ce socle commun, capable de réactiver et de fédérer les atouts du territoire.  A Auneuil et dans le Pays de Bray, ce qui fait lien entre les générations c’est le sol : il est à la fois lieu d’enracinement pour ses habitants, matière modelée par un savoir-faire très spécifique au territoire et élément du patrimoine. 

3. Comment les problématiques sur les vitalités métaboliques et inclusives et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Le site de projet présente un patrimoine remarquable non seulement d’un point de vue architectural –fruit d’une longue tradition économique et de pratiques constructives vernaculaires oubliées– mais aussi d’un point de vue biologique. En parcourant le site de l’usine Boulenger, nous avons été frappés par la façon dont des présences non-humaines se sont appropriées l’espace. D’une manière paradoxale, alors que la présence anthropique s’est délitée avec la désindustrialisation du territoire, cette ancienne usine de carreaux de faïence à l’arrêt accueille une différente forme de vie. La question est donc de savoir comment ce patrimoine vivant d’un point de vue biologique peut entrer en résonance avec de nouvelles formes d’investigations anthropiques sans que l’un de ces deux systèmes de forces n’altère l’autre et de montrer quels sont les moyens de trouver des synergies mutuelles et inclusives. 
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Au travers de nos expériences professionnelles, nous avons été amenés à traiter ces problématiques de réhabilitation de structures/ transformation de bâtiments, d’inclusivité et d'intégration du monde vivant au sein de divers projets urbains. A ce titre, une partie de notre équipe a déjà eu l’opportunité de travailler sur la question de l’inclusivité sur une place à Lyon dont le thème du concours était spécifiquement orienté sur l’égalité de genre dans l’espace public. A cette occasion nous avions compris qu’au-delà du formalisme attendu de notre proposition, c’était un travail sur les processus, sur la mise en place des conditions du changement plus que sur le changement en lui-même qu’il était nécessaire d’engager pour enclencher les dynamiques souhaitées. Dans le cadre du concours CONSTRUIRACIER 2020, sur le thème des Turbulences, l’une de nous a également travaillé sur l’ancienne zone industrielle de Chalon sur Saône. Les grues, les portiques roulants et anciens silos à grains devenaient les outils de construction et d’expérimentations du lieu d’enseignement. Une réponse cohérente face à des sites dont l’histoire constitue un fort potentiel de réinvention. Au-delà des projets, ce sont nos rencontres à la fois avec le site, ses habitants et ses forces vives, ainsi que les différents échanges autour de nos lectures et un regard critique sur nos métiers respectifs qui nous ont permis d’aboutir à cette proposition. Ces premières intuitions, issues de nos recherches et expériences de terrain, se sont trouvées confortées par la connaissance de projets similaires faisant la part belle aux réemploi de matériaux. Parmi eux, le projet Cycle Terre qui réutilise les terres excavées du Grand Paris pour en faire des matériaux de construction. L’émergence de workshops et de formations autour de la filière terre a également été une source d’inspiration. 
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
C’est là l’un des enjeux essentiels d’un projet. Il y a d’un côté les attentes et les envies des citoyens et des politiques qui sont évidemment légitimes, mais il y a de l’autre, des réalités que notre époque n’a pas voulu voir ou a tout simplement oubliées. La première étape est d’explorer ces voies alternatives pour rendre désirables d’autres manières d’habiter en conciliant les envies à ces réalités tout en convaincant les citoyens que ces projets servent leur intérêt propre à long terme ainsi qu’un intérêt collectif au sens d’universel, un bien commun plus qu’humain, apte à répondre aux multiples crises que nous traversons. Par ailleurs, la question du processus interroge directement celle de la vitalité métabolique en ce sens qu’elle nécessite l’enclenchement des dynamiques nécessaires pour faire littéralement sortir ce projet de “terre”. Il y a fondamentalement une esthétique relationnelle à inventer, à explorer et à mettre en partage. Certains liens dans ce processus peuvent émerger de manière spontanée. A cet égard, l’on peut prendre l’exemple d’un artisanat tel que la poterie. Cette pratique permet au potier de nouer des relations multiples à la fois de l’homme à cette terre argileuse qui rend unique et créatif chaque geste, chaque instant de sa vie, mais aussi entre les hommes eux-mêmes qui tissent alors des relations de curiosité, des envies de transmission d’un patrimoine matériel et immatériel. Elle produit en somme, une expérience humaine enrichissante, enclenche un sentiment de fierté d’appartenir à ce patrimoine vivant et redonne du sens individuel et collectif. Donner à voir ces différents liens biologiques, politiques, économiques ou encore artistiques peut à la fois susciter des vocations et encourager des actions collectives désirables qui pourront à leur tour trouver de nouvelles sources de légitimité. Toutefois, nous avons conscience que certains de ces liens ne pourront s’enclencher d’eux-mêmes et devront nécessiter des moyens humains et financiers spécifiques. L’implication des acteurs, qu’ils soient institutionnels, associatifs, citoyens ou économiques sera nécessaire pour pérenniser l'École des Arts de la Terre et les formes partenariales devront explorer des pistes originales et ajustables dans le temps. A cet égard, notre proposition laisse la place à d’autres formes partenariales d’exister, au transitoire, à l’adaptation et à l’imprévu. Ce design relationnel nous semble intéressant en tant qu’il ne fige pas une démarche mais la rend au contraire dynamique et donc appropriable.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
C’est notre première participation à ce concours. Nous avons le sentiment que la démarche Europan donne aujourd’hui la possibilité à de jeunes concepteurs, d’horizons de plus en plus divers, de s’engager dans des démarches ou de mettre en visibilité des types d’action alternative à un système de “production” de la ville qui ne fait qu’accentuer les crises. Ce concours est une espérance qui nous a permis de construire des valeurs communes, de formuler des échanges profonds et de nouer des liens humains enrichissants ; liens que nous souhaitons pérenniser à travers la création du collectif Calame. Notre collectif visera à considérer le territoire comme un processus, une construction résultant de l’interaction d’un socle géographique et des forces vivantes, dont l’homme fait partie intégrante.

IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence :
 Collectif Calame
Fonction : architecture, paysage, urbanisme, ingénierie de la conception, politiques publiques
Âge moyen des associés : 27,5 ans

L’équipe a-t-elle, en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
Oui, une partie de l’équipe s’est constituée à l’occasion du concours national d’idées sur le Genre “La ville ensemble, toutes et tous” organisé par le Cercle de ZAHA à Lyon sur la place Jean-Jaurès. Notre proposition, “le jeu de Dames”, de par sa forme, est un espace visant une inclusivité sous forme d’un processus ludique, éducatif et ajustable dans le temps long. Le projet a été distingué par le prix “Coup de cœur du jury” L’un des membres de l’équipe a soumis son diplôme réalisé en binôme au concours CONSTRUIRACIER 2020 sur le thème des Turbulences. Le projet “Fenêtre sur Saône” traite de la réactivation d’une ancienne zone industrielle submersible. Les grues, les portiques roulants et anciens silos à grains à l’abandon sont les outils de construction et d’expérimentations d’un Centre de Recherche et de Formation en Architecture et Ingénierie. Le projet à reçu le troisième prix du concours CONSTRUIRACIER 2020.