SYMBIOTIC BOOM!

Bassens (FR) - Lauréat

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Associés : Mikhalis Montarnier Michaeloudes (FR), Théodossis Montarnier Michaeloudes (FR), Paul De Cathelineau (FR) – architectes, Kevin Michels (FR) – paysagiste
Collaborateurs: Hugo Uteau (FR), Estelle Filliat (FR), Eva Vanborren (FR) – architectes, Styven Braz (FR) – paysagiste, Enzo Leclercq (FR) – philosophe, Zoé Baurens (FR) – étudiante en architecture

KENO ARCHITECTES + Kevin Michels Paysage
16 Rue Charles de Foucauld 33150 Cenon
contact@keno.archi / www.keno.archi / michelskevinpaysage.com

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PORTRAIT D'ÉQUIPE

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?
Nous sommes avant tout amis depuis de nombreuses années. Nous avons travaillé ensemble, et vécu ensemble en Argentine, au Japon ou en Espagne.  A travers nos parcours et nos expériences respectives en agence, nous avons acquis des regards complémentaires. Nous aimions la liberté laissée par le règlement d’Europan pour composer une équipe aux sensibilités différentes. Diplômés pour la plupart de l’école d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, l’opportunité d’apporter une réponse au site de Bassens/Bordeaux Métropole a mis tout le monde d’accord.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question de la session sur les Villes vivantes ?
Le thème de la session Europan 16 se concentre sur les villes vivantes en tant que paradigme dans lequel peuvent être envisagés de nouvelles synergies entre les dimensions environnementale, biologique, sociale, économique, culturelle et politique. Il nous était demandé de générer l'impulsion de la transformation par le territoire et de l'utilisation de toutes les ressources (naturelles, écologiques, infrastructurelles) pour le régénérer. La difficulté du site de Bassens/Bordeaux Métropole, réside dans un paradoxe à priori inconciliable : comment amplifier l’activité industrialo-portuaire sur site tout en permettant une répartition plus juste du territoire entre entreprises et habitants ? La réponse à la problématique se trouve pour nous, dans une refonte de notre système productif et le passage d’une économie de propriété à une économie d’usage. La recherche de notre équipe des espaces mutualisables a permis de mettre en lumière la possibilité d’un archipel collaboratif valorisant les déchets en ressources et favorisant une coopération des acteurs préexistants et ceux qui s’y installeront pour créer une économie symbiotique. 

3. Comment les problématiques sur les vitalités métaboliques et inclusives et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Notre projet porte le nom de [SYMBIOTIC BOOM !]. Le BOOM évoque le déclencheur qui permet la mutation du système actuel et l’essor requis pour rétablir un écosystème plus durable, inclusif et désirable. Dans un contexte où nature et production ont été opposés, le seul moyen de réintégrer une vitalité qui ne consomme pas plus d’énergie qu’elle n’en produit, est de recréer un lien symbiotique entre écosystème vivant et écosystème industriel. La mutation du site s’opère sur plusieurs temporalités grâce à l'hybridation fonctionnelle. Le « déjà là » a par ses dimensions hors norme, le potentiel capable pour accompagner cette transformation, sans consommer plus de ressources. Le point de convergence de toutes les actions entreprises sur le site aux différentes temporalités, réside dans le capital social généré. La ville vivante est la somme des espaces partagés, cogérés, revalorisés et bénéficie à un spectre plus large d’usagers. 
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Nous avons traité une partie de cette problématique à travers un projet urbain développé à Sao Paulo au Brésil. Comme à Bassens, les sols étaient sur-artificialisés, pollués et étaient soumis au risque d’inondation du fleuve Tiête. Le projet proposé tirait parti d’une économie symbiotique revalorisant l’eau polluée du fleuve en ressource pour la production agricole et des espaces ludiques permettant de restaurer une urbanité perdue. Nos références de projet mêlent architecture, philosophie et nouveaux systèmes économiques. Nous avons par principe réfuté tout masterplan, zoninig ou attachement à des objets architecturaux. Nous avions arpenté ensemble la base sous-marine de Saint Nazaire, touchés par la poésie dont a fait preuve Gilles Clément, ramenant la vie sur un sol artificiel. Notre point de base pour répondre à ce concours s’ancre dans les écrits de Bruno Latour, « Imaginer les gestes barrières contre le retour à la production d’avant-crise », et « Nous n’avons jamais été moderne » notamment. Ces textes nous ont permis de nous affranchir des modèles urbains figés. Enfin, la problématique du site de Bassens/Bordeaux Métropole pose la question du regard que nous portons aujourd’hui aux zones industrielles et portuaires. Le lien des habitants avec leur port a profondément changé au cours du siècle dernier. Le travail de cet imaginaire portuaire passe à travers un nouveau récit de ce qu’est le port aujourd’hui et comment il peut accueillir de nouveau les habitants, travailleurs et routiers. En ce sens, l’exposition « Symbiotic Seing », a été une référence pour nous. L’exposition ne nous invite pas seulement à réfléchir au changement climatique – conséquence de l’activité humaine -  mais aussi à considérer l’être humain au sein d’un système plus large où coexistence et symbiose sont les fondamentaux d’une nouvelle vision possible de l’anthropocène. Eliasson transcrit des théories complexes en matière, et convoque à la fois la rationalité de ses visiteurs et leurs sens pour une expérience complète.
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
Le projet prend pour base les acteurs en présence. L’essence de la proposition tient à la compréhension du territoire, de sa production et des forces en présence. Il s’agit de valoriser les potentialités existantes par une économie circulaire, autrement dit par une collaboration directe et bénéfique à tous les acteurs. Pour pouvoir s’assoir à la table des négociations, il est nécessaire d’avoir un équilibre entre les acteurs présents et des contreparties réciproques. Le réseau symbiotique collaboratif propose l’association des stratégies Top-Down (Les institutions et les grands entrepreneurs) et Bottom-Up (la mobilisation citoyenne et associative) pour créer de nouvelles ressources économiques et sociales, et ainsi recréer un capital social. La ville de demain doit se réinventer avec les composantes actuelles, réorganisées, requestionnées. La temporalité d’action pose autant la question de la transformation du territoire que de celle du regard des usagers. L’appropriation commune, des espaces autrefois réservés, sous-tend une activation des franges et un retour progressif de l’urbanité sans contraindre la production.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Europan 16 est notre première participation. En France, l’accès à la commande publique est difficile pour les jeunes agences. EUROPAN participe à établir la crédibilité des jeunes agences lauréates et nous permet d’accéder à une commande publique concrète sur le site de Bassens / Bordeaux Metropole, où l’expérimentation et de nouveaux modèles sont envisageables.

IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence :
 KENO ARCHITECTES + Kevin Michels Paysage
Fonction : architecture, paysage
Âge moyen des associés : 27 ans

L’équipe a-t-elle, en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
Nous avons gagné plusieurs concours internationaux et nationaux au Brésil, en Argentine et en France. Notre collaboration s’est poursuivie sur des marchés privés. Chaque projet abordé est l’occasion de développer nos recherches sur une programmation ouverte, versatile tant dans ses usages que dans les formes construites. Les programmes abordés par l’agence sont divers, de l’équipement public à la fabrique du logement ou à la versatilité des espaces ouverts de travail dans le monde après-covid. 
L’équipe dispose-t-elle déjà d’un local de travail ? Si oui, description succincte :
L’agence KENO ARCHITECTES est basée entre Bordeaux, sur la rive droite, proche du site de projet Europan (Bassens) et la Normandie, à l’Aigle. Cette double implantation nous amène à travailler de façon nomade et nous permet d’identifier les problématiques communes aux territoires pour les recontextualiser dans un environnement local.