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Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités

VILLES VIVANTES /2
Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités

Il s’agit de se poser la question des capacités régénératrices des milieux vivants autour de nouvelles écologies architecturales, urbaines et paysagères, tentant de dépasser l’opposition nature-culture et l’anthropocentrisme dans des temps marqués par les dévastations et l’urgence climatique.

Comment prendre soin des milieux habités ?

Les différents rapports du Giec, jusqu’à celui de mars 2022 étant toujours plus alarmants, ainsi que la pandémie de la Covid 19 étendue à l’échelle planétaire, ont rendu encore plus évidentes les vulnérabilités du vivant et les métamorphoses de l’habitabilité. La possibilité même de vivre est désormais en question pour tous étant donné l’excès des consommations des ressources naturelles par certains groupes humains au détriment des besoins de la population totale, dépassant ce que la planète Terre peut renouveler.

Urgence climatique, surexploitation, pollution, inégalité et iniquité, autant de maux, de bouleversements et de désorientations qui en appellent à des actions du « care » ou « prendre soin » pour ménager les coexistences et le tissage du vivre ensemble, ce qui s’inscrit dans un radical changement de paradigme.

Ce qui suppose de s’inscrire dans une reconnaissance des appartenances et interactions en jeu dans les situations qui seront proposées au concours. Pour Europan 17, les contextes se situent dans un changement radical d’approche pour penser et produire l’espace de manière plus immersive afin de prendre soin des milieux vivants. Un nouveau paradigme est à l’œuvre poussant à se demander comment accorder les choses et les êtres entre eux alors que se pose la question de l’habitabilité de la planète Terre. Des stratégies locales et translocales se trouvent associées à des enjeux aussi bien de métabolisme (nouvelle gestion des flux d’éléments naturels, de matières et d’humains avec un objectif de développement d’économies circulaires) que d’équité et de solidarité (inclusivité des acteurs dans les processus) qui étaient déjà partiellement à l’œuvre dans certains contextes d’E16.

Ré-imaginer des architectures qui s’incarnent dans des « visions » et des « récits » du devenir des sites entre présent et futur

Face à ces challenges territoriaux, il est plus que nécessaire de créer des reconfigurations spatiales complexes, globales et dynamiques, dans les milieux habités endommagés afin de revitaliser des communautés biologiques et humaines. L’approche par le prendre soin induira des logiques de projets innovantes, dynamiques et variées qui doivent se croiser :
- produire une compréhension active du déjà-là (échelles biologique + socio-anthro- pologique), une intelligence des situations ;
- à partir de cette immersion, réparer les territoires/espaces maltraités par soustraction et recréation ;
- s’engager dans des projets urbains sobres (consommation foncière réduite) et dans des projets architecturaux économes en matières, en technicité, en énergie, attentifs aux ressources dans leur impact sur la terre
- renforcer, régénérer ou créer des qualités d’hybridité nature/culture ;
- relier l’échelle de réflexion stratégique et dynamique des territoires (les grands enjeux écologiques structurants) à celle des espaces de proximités à repenser (espaces du quotidien et espaces partagés) ;
- imaginer / créer aujourd’hui des architectures en pensant la relation temps présent / temps futur et donc leur fabrication et leur adaptabilité temporelle (développement durable) ;
- prendre en compte dans les projets des processus de conception et fabrication impliquant l’ensemble des acteurs dans leur diversité et leurs rôles.

Pour atteindre cette complexité, les situations qui seront retenues pour le concours Europan d’Europan 17 doivent permettre que les projets rendus puissent activer dans différents contextes et à différentes échelles :
- des liens de symbiose entre le monde vivant et le monde culturel, des relations vitales entre êtres humains et non humains ;
- des synergies spatiales (actions menées de concert entre éléments, organes ou parties prenantes différents) : ce sont des types de reliances naturelles et culturelles à différentes échelles entre des éléments fragmentés résultant du développement moderniste des milieux ;
- la prise en compte des temporalités naturelles et humaines (cycles et rythmes du vivant et du social) dans des projets-processus.

Les 52 sites sont des milieux habités à régénérer

Mixant nature et culture, les sites d’Europan 17 peuvent être localisés dans de nombreux contextes :
- villes centres et aires suburbaines,
- grandes et petites villes,
- friches urbaines et contextes ruraux.

Mais tous donc devront intégrer les deux dimensions nature (éléments naturels) / culture (espaces habités).

Tous devront aussi permettre d’articuler deux échelles :
- celle du "site de réflexion" d’échelle territoriale et géographique (délimité par une ligne rouge, où se posent les grands enjeux écologiques, de mobilités...)
- et celle du "site de projet" de plus petite échelle (délimité par une ligne jaune, qui peut varier de l’édifice et son environnement immédiat à des fragments plus grands mais permettant au projet architectural de se relier à la réflexion territoriale).