Green Belt Dilatation

Paris (FR) – Mentionné

DONNÉES DE L'ÉQUIPE

Représentante d'équipe : Anne-Lise Bideaud (FR) – architecte urbaniste ; Associé : Matthieu Wotling (FR) – architecte

MWAB Architectes Urbanistes, 115 rue Manin, 75019 Paris – France
+33 6 61 92 40 81 – contact@mwab.eu – www.mwab.eu

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M. Wotling et A.-L. Bideaud

 

INTERVIEW

1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

En 2008 nous avons fondé l’atelier MWAB pour développer des projets de maîtrise d’œuvre urbaine et architecturale. La participation au concours Europan, comme à des séminaires ou des interventions en école d’architecture, constituent pour nous des temps privilégiés d’ouverture, d’innovation et d’échange que nous souhaitons maintenir au cœur de notre pratique.

 

2. Pouvez-vous définir la problématique principale de votre projet, en insistant sur votre manière de répondre à la question centrale de la session : lʼadaptabilité et les rythmes urbains ?

A travers un parc et un îlot dense, le projet « Green Belt Dilatation » interroge la place de la nature en ville dans un contexte en forte mutation. Réactivées, la Ceinture Verte et la petite ceinture constituent les jalons d’un réseau doux à l’échelle du Grand Paris entre les centralités névralgiques de la gare du Nord et de la future gare Pleyel. « L’îlot fertile » répond à de nouveaux enjeux de densité et de durabilité et propose une nouvelle typologie mêlant compacité, nature foisonnante et verticalité. Une nappe de cours et jardins interconnectés ouvre des vues à hauteur des toits parisiens tandis que des émergences s’élèvent à hauteur des tours environnantes. Autonome par sa mixité programmatique, cette typologie adaptée à un contexte de grande mutabilité pourrait être étendue à la ceinture verte pour en renforcer le principe fondateur : 50% vert, 50% dense. Le projet agit sur 3 leviers pour profiter d’une instabilité féconde du territoire de projet :

  • L’adaptabilité des infrastructures pour répondre à des usages pluriels et variables dans le temps – avec pour support l’ancienne voie ferrée, la petite ceinture repositionnée au cœur de l’espace public conjugue circulations douces et transports collectifs ;
  • La réversibilité de sites définis en creux d’une trame d’espace public pérenne – le maillage du quartier permet d’envisager des scénarii alternatifs entre densification à travers l’extension du principe d’îlot fertile et respiration urbaine à travers un parc métropolitain ;
  • La diversification des usages depuis le cœur du patrimoine bâti pour innover tout en s’inscrivant dans l’histoire du lieu – l’architecture emblématique des ateliers Championnet accueille de nouveaux programmes de pépinières d’entreprises, artisanat et bureaux pour diversifier l’activité, densifier le programme et ouvrir le bâtiment existant vers le parc.

 

3. Comment cette problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Nous avons saisi l’incertitude liée à la présence de grandes emprises mutables comme une opportunité pour porter la réflexion à l’échelle de Paris Nord-Est et proposer une vision ambitieuse et cohérente à l’échelle du quartier. Les aménagements progressifs de secteurs de projets morcelés s’inscrivent alors dans une dynamique commune.

 

4- Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment et pourriez-vous présenter quelques projets références pour le vôtre ?

La régénération de sites en mutation avec une forte présence du patrimoine se trouve au cœur de notre pratique. Des enjeux de densité, de qualité patrimoniale et de respiration urbaine qui peuvent sembler de prime abord contradictoires sont pour nous des supports d’innovation et de recherches permanentes. Convaincus que ces notions ont vocation à se renforcer mutuellement, nous nourrissons notre culture du projet autour de références sur ces thématiques :

  • The High Line, à Manhattan, New-York (architectes Diller Scofidio+Renfro, avec le designer de jardins Piet Oudolf et le paysagiste James Corner) – ce parc urbain suspendu est aménagée sur une portion désaffectée des anciennes voies ferrées aériennes du Lower West Side ; ce lieu, « plus long toit vert du monde », en plus de son aspect récréatif et patrimonial permet une rétention des eaux de pluie, une correction de l’effet d’îlot de chaleur et régénère la nature au sein de la métropole newyorkaise.
    > Enjeux pour notre projet : Requalification d’anciennes voies ferrée pour les modes doux et réseau vert à l’échelle territoriale;
  • 118 logements collectifs à Coslada (architectes AMANN-CANOVAS-MARURI) – situé dans une zone récemment réaménagée dans la banlieue industrielle de Madrid, ce projet est né de la conciliation entre différents usages et différentes hauteurs : parking souterrain, bureaux et aires commerciales du rez-de-chaussée jusqu’à l’espace public sur la plateforme du 3ème étage, puis des espaces résidentiels en hauteur.
    > Enjeux pour notre projet : Imbrication entre logements, espaces collectifs et mixité fonctionnel en « 3 dimensions » ;
  • Gurgaon 71, tour de logement en Inde (architecte Edouard François) – les tours les plus hautes de ce projet résidentiel sont conçues avec des « green clouds » ; elles constituent l’extension des appartements et de nouveaux territoires plus hauts, qui permettent, quelle que soit la hauteur de son appartement, de bénéficier de la plus belle vue, en haut de l’immeuble.
    > Enjeux pour notre projet : intérêt bioclimatique, place de la nature en ville et nouvelle façon d’habiter la hauteur et d’en partager les espaces collectifs.

 

5- Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus?

Nous pensons l’aménagement urbain comme l’expression d’un processus ayant différents niveaux de lecture et d’implication dans la société.
Ici, la libération de l’emprise d’un terrain militaire offre l’opportunité de porter une vision ambitieuse sur un territoire élargi. A l’interstice entre architecture, urbanisme et paysage, l’îlot fertile, à la fois dense et mixte, va régénérer en profondeur l’environnement urbain en agissant à la fois sur l’image et la vie du quartier. Le prolongement du maillage urbain amorcé au sein de l’îlot, la complémentarité de cette nouvelle densité avec la respiration d’un parc, et le redéploiement des principes de l’îlot fertile à l’échelle de la ceinture verte pourront s’inscrire dans un processus de projet ouvert en fonction de l’évolution du projet territorial Paris Nord-Est.

 

6- Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Nous avons précédemment été lauréat Europan 9 au Locle en Suisse et Europan 10 à Saintes en France. Ces expériences que nous poursuivons en phase pré-opérationnelle nous ont permis de nous confronter à des problématiques très actuelles sur des sites exceptionnels. Au Locle, le projet d’entrée de ville a contribué à l’inscription de la trame urbaine horlogère au patrimoine mondial de l’UNESCO. A Saintes, le projet d’un quartier innovant inscrit au sein d’un site historique et en promontoire sur la ville a été sélectionné pour l’expérimentation d’un label éco-quartier par le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Les méthodes que nous avons développées à travers ces projets, avec le soutien des structures Europan Suisse et France, constituent une base solide pour développer les différents projets de maîtrise d’œuvre urbaine que nous menons au sein de notre atelier.