Mach es dir Gemütlich

Regionale 2016 (DE) – Mentionné

DONNÉES DE L'ÉQUIPE

Représentante d'équipe : Alice Hallynck (FR) – architecte ; Associés : Edouard Cailliau (FR), Marie-Hélène Merlin (FR), Marion Verdière (FR) – architectes

62 rue Crozatier, 75012 Paris – France
+33 6 68 22 47 83 – bingo.architecture@gmail.com

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A. Hallynck, M. Verdière, E. Cailliau et M.-H. Merlin

 

INTERVIEW

1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Issus des mêmes ateliers orientés vers les problématiques territoriales contemporaines à l'école d'architecture et de paysage de Lille, nous avions déjà eu l'occasion de travailler ensemble. Maintenant diplômés et exerçant chacun dans un environnement très différent (architecture, urbanisme, paysage, ou même suivi de chantier participatif au Pérou), Europan représente une opportunité de prendre du recul sur notre activité professionnelle et de poursuivre nos expérimentations collectives.

 

2. Pouvez-vous définir la problématique principale de votre projet, en insistant sur votre manière de répondre à la question centrale de la session : lʼadaptabilité et les rythmes urbains ?

Comment chacun peut-il se sentir chez soi dans un environnement fait de maisons privées aux limites clairement hiérarchisées, et ce même s’il ne vit pas là ?
Avant de poser la question du dessin d'un projet, il faut, dans le cadre du lotissement pavillonnaire, définir une nouvelle méthode de travail : ce sont des quartiers délaissés par les architectes et les urbanistes, et leur évolution est complexe car très découpée et liée aux situations personnelles de chacun de ses habitants. L'impossibilité de raisonner par « grands projets » pose la nécessité de compter sur les habitants et leur rôle actif dans le quartier. 
Nous proposons donc des outils qui s'adaptent à chaque situation, pensés comme des micro-interventions très localisées et vouées à se répandre à l’intérieur du quartier.

 

3. Comment cette problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

La problématique du besoin particulier des habitants actuels du quartier est à croiser avec le problème de la perte de population et d'attractivité de celui-ci : comment s'adapter à la situation tout en ouvrant la ville à de nouveaux usages ? Une ville adaptable ne doit pas devenir une ville neutre, dans le sens où elle ne doit pas être la même partout pour accueillir des gens qui seraient devenus un « modèle-type » d’habitant du Munsterland. L'usage d'une boite à outils et non d'un master-plan reflète la particularité de chacune de ces rencontres et l'adaptabilité du projet selon les situations spatiales, humaines, économiques et temporelles.

 

4- Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment et pourriez-vous présenter quelques projets références pour le vôtre ?

Les façons dont on représente et on agit sur le territoire nous paraissent intimement liées et c'est pour cela que les projets qui nous influencent viennent autant du domaine artistique qu'architectural. Nous traitons la question de la modification des limites et de la déterritorialisation à trois échelles, que l'on retrouve dans trois projets qui nous rassemblent : 

  • Le « Meeting » de James Turrell (1986) questionne l'atmosphère de la pièce, par le rassemblement de plusieurs personnes dans un espace et nous renvoie à la question de l'unité du « salon » devenu module de projet ;
  • A l'échelle de la maison pavillonnaire, c'est le projet « Arteconomy » de 51N4E qui trouble les limites entre intérieur et extérieur : cela pose la question de l'extraction de la sphère privée hors des limites bâties ;
  • Enfin, à l'échelle urbaine, c'est le plan de Nolli (Nuova Pianta di Roma, 1748), qui précise les limites privé/public et bâti/non-bâti, qui s'entremêlent pour rendre la ville plus poreuse et plus riche qu'avec un simple plan masse. 

 

5- Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus?

Dans un tissu urbain constitué d'une multitude de propriétaires privés, la cohérence d'un projet réalisé à partir de plusieurs dizaines de projets isolés pourrait paraître complexe. C'est un nouveau système économique et politique qu'il convient d'équilibrer afin que chacun participe à la nouvelle attractivité de son quartier. Avant de chercher à dessiner ou préciser le projet, l'architecte doit ici trouver une méthode de travail à mettre en place, avec de nouveaux partenariats.
La Regionale 2016 (au sein de l'IBA Stadtumbau) est l'occasion de mettre en place des projets « pilotes »  afin de tester des méthodes qui pourront ensuite être suivies par d'autres villes. Cela peut passer par la construction d'un premier « salon » dans l'espace public, lieu de d'expérimentation fédérateur qui pourra faire naître, pas à pas, d'autres projets dans le quartier. 
Aidés par un premier pas institutionnel, chaque propriétaire pourra ainsi ensuite s'approprier le projet et participer à l'évolution de son quartier.

 

6- Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

C'est la première fois que nous sommes primés à Europan. Cela représente avant tout une manière de crédibiliser un parcours, des recherches et des projets. L'évolution des lotissements pavillonnaires dans la prise en compte de la ville diffuse comme un héritage à requestionner est une des problématiques territoriales contemporaines qui nous préoccupe et nous tenons à poursuivre ces expérimentations, dans le cadre d'Europan ou par d'autres moyens.