Enquête - Comment les villes voient-elles Europan ?

Forum des Sites - Malmö (SE)


                                                  

Quel est l’intérêt des villes et des représentants des sites pour Europan ?

Par Didier Rebois, architecte, enseignant, secrétaire général d’Europan

 

Le forum des sites s’adresse directement aux représentants des sites de la nouvelle session, Europan 12. Il a pour objectif d’être le plus interactif possible et de ne pas présenter de longues conférences, de faire de longs discours, mais d’avoir le plus de dialogue possible, d’avoir, au niveau européen, des échanges dynamiques. Deux débats vont permettre de montrer les liens entre Europan et les villes dans le cadre de la douzième session sur le thème La ville adaptable, insérer les rythmes urbains. 

Le premier débat approfondira les thématiques d’Europan pour évaluer si elles vous intéressent, est-ce qu’elles peuvent évoluer, est-ce qu’elles concernent les problématiques que vous rencontrez dans vos développements urbains, dans vos villes, et en particulier autour du thème de cette session : l’adaptabilité de l’urbain et de l’architecture par rapport aux évolutions des modes de vie, des processus urbains, de l’écologie ? Ce premier débat sera donc sur les contenus d’Europan en relation avec les politiques urbaines des villes participantes.

Le second débat portera sur les questions des processus, puisque qu’Europan est un concours pour sélectionner des projets intéressants, innovants et labelliser de jeunes équipes, mais sert également, dans la mesure du possible, et à chaque fois que c’est possible, à démarrer des processus urbains. Ces processus urbains englobent toute une série de pratiques diverses dans les phases de réalisation, qui peuvent être des études urbaines, des projets concrets qui se construisent… Dans ce second débat, nous aborderont la question des processus de passage des idées du concours à la réalité et la manière dont, par rapport aux modalités de travail du projet urbain dans les villes, peuvent être mis en place les projets primés et peuvent être développées des innovations (que ce soit autour des relations entre les acteurs, sur les modes d’urbanisation, sur les enjeux du temps dans les processus urbains…)

Pour introduire ces deux débats, je voudrais vous présenter rapidement les résultats d’une enquête que nous avons menée auprès des représentants des sites des sessions précédentes. Nous avions déjà réalisé récemment une enquête auprès des jeunes professionnels ayant participé au concours  pour avoir un retour sur leur vision d’Europan ; et nous en avons mené une seconde, avant ce forum, auprès de représentants de sites qui avaient déjà participé à Europan. Les résultats sont assez positifs dans la vision d’Europan qu’ont les villes et les représentants de sites qui viennent d’à peu près tous les pays d’Europe. 

 

                

 

Le concours produit-il de la qualité ?

La première question, assez directe, portait sur le rapport qualité/prix du concours, entre la qualité des résultats obtenus par les villes et l’investissement qu’elles mettaient, non seulement au niveau financier, mais aussi en termes d’énergie. Dans 90% des réponses, les interviewés trouvent qu’ils ne perdaient pas de temps ni d’argent à participer à Europan. De manière globale, il y a l’idée que ce concours n’est pas un concours trop cher en soi, même s’il demande un gros investissement dans la phase après concours pour développer, initier les processus de réalisation pour aboutir à un projet concret et construit.

Et 98% des interviewés ont répondu qu’ils étaient satisfaits de la qualité des projets remis sur leur site. Il faut garder en mémoire qu’Europan ce n’est pas seulement un projet par site, mais que les jurys peuvent primer plusieurs projets qui représentent des idées, des visions alternatives sur un territoire proposé. Et cela intéresse les villes d’avoir cette diversité de réponses à gérer ensuite, à travers des procédures intermédiaires (qui peuvent être des workshops ou des rencontres) pour comprendre ces idées et choisir celles qui pourront poursuivre et participer à une stratégie urbaine de mutation du territoire.

 

En participant à Europan, les villes ont-elles un bon retour d’image ?

La question suivante était de savoir si faire le concours Europan permettait d’avoir un bon retour d’image. La communication autour des résultats d’une session doit être sans doute encore améliorée à l’échelle européenne et nationale, mais aussi locale, dans les différentes villes où il y a des expositions qui tournent et qui montrent les projets aux habitants. Les représentants des sites qui ont répondu étaient satisfaits de cette possibilité de communiquer autour de visions du futur de leur territoire et de susciter un débat ou une discussion autour de la mutation du site avec les acteurs locaux, dont évidemment les usagers, les habitants de la ville, les citadins. 

 

    

 

Quels types de processus de réalisation émerge-t-il après le concours ?

Les trois quarts des interviewés ont, après le concours, poursuivi des processus avec les équipes primées. C’est un peu notre enjeu que le maximum d’équipes primées puisse être ensuite impliquées dans des processus opérationnels. Mais l’enquête permet de mesurer quels types de phase opérationnelle sont développées : 31% ont répondu qu’ils avaient fait des ateliers locaux, permettant aux équipes de développer leurs idées. Presque la moitié a impliqué l’équipe primée dans un projet urbain. Lorsqu’on arrive à la phase concrète de réalisation, on peut dire que 25% des équipes primées arrivent à la phase de construction d’un projet. Ces réponses sur les réalisations donnent quelques indicateurs qui serviront au 2ème débat : comment continuer après le concours, comment engager des équipes dans des processus, et on voit qu’il y a des manières diverses. On sait bien qu’au moment du concours, ce sont des visions et des propositions de stratégie ou de manière de développer le site, et que ce ne sont pas des projets finis. Les équipes peuvent venir aussi d’un autre pays. Il y a donc tout un travail pour le passage vers des processus opérationnels et les réponses nous montrent qu’il y a un assez grand nombre de projets qui évoluent évidemment toujours autour des idées primées, mais que les projets eux même évoluent. Ces projets ne sont pas des objets finis, mais bien le matériau pour une négociation, pour un débat avec tous les acteurs, parfois nombreux sur les questions urbaines et pas toujours en cohérence. Cette idée du projet négocié et d’une négociation des acteurs autour d’un projet primé nous intéresse donc beaucoup. On voit que 2/3 des représentants des sites qui ont répondu ont eu un projet négocié, ce qui veut dire qu’il avait été rediscuté avec beaucoup d’acteurs, dont les équipes primées, sur la manière de développer les idées primées. 86% trouvent qu’ils mettent en place des processus innovants. Ces réponses nous intéressent également beaucoup et feront l’objet du second débat, à savoir en quoi les processus qui suivent le concours Europan peuvent représenter une innovation. 

Mais ces jeunes équipes primées sont-elles à la hauteur du rôle qu’on attend d’elles dans des processus urbains complexes ? L’indice de satisfaction est plutôt élevé, puisque 83% des maîtres d’ouvrage disent que l’équipe, au final, a su participer au processus d’une manière cohérente.