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2012

La revitalisation d’espaces publics actuellement peu attrayants nécessite une réflexion à une échelle plus large que celle du site donné. Même s'ils sont parfois de petite taille, ces espaces sont des leviers stratégiques pour une dynamisation urbaine. Leur influence en termes d'identité et d'image dépasse souvent leurs limites physiques et appelle donc à une transformation plus importante du tissu existant. « Angles morts » n’ayant jamais eu une utilisation adéquate ou bien lieux dont la fonction initiale est aujourd'hui obsolète ou inadaptée aux besoins des habitants, ces sites peuvent servir de plateformes à une appropriation, de point de départ pour la mobilisation de la population locale ou d’un public plus large. L'aménagement ou réaménagement de ces zones peut être considéré de diverses manières : comme un rafraîchissement par des espaces multifonctionnels, avec des structures temporaires ou extensibles qui agissent comme des piqûres d’acupuncture ; comme un ballon d'essai ayant pour but de faire connaître un territoire donné, de déclencher un cofinancement ou investissement privé et d’identifier de nouveaux rythmes d'intensité.

La ville contemporaine cherche à anticiper l’avenir et à se préparer aux changements imprévisibles qu’il porte en lui. Différentes stratégies sont actuellement développées pour construire les conditions d’une résilience créative, donc à savoir s’adapter à un environnement changeant. L’hypothèse des Ecorythmes consiste à fonder le développement urbain sur une meilleure synergie entre les milieux naturels et urbains afin de rompre avec la logique d’opposition qui a conduit à un éloignement du citadin des réalités naturelles et à une dégradation progressive de celles-ci.
Cet éloignement du citadin et de la nature n’est pas seulement spatial, il est aussi temporel. En effet, le paysage n’est pas un tableau figé, une belle image, mais un milieu vivant où règnent des cycles (saisons, jour et nuit, marées, variations climatiques, vies faunistique et floristique…), des forces de croissance, des mouvements rapides ou lents, des migrations et transhumances, etc.
A l’inverse d’un urbanisme moderniste ayant privilégié une rupture entre les rythmes urbains et naturel, il s’agit, à travers les sites portant tous une dimension paysagère forte, d’encourager la mise en œuvre des processus opérationnels fondés sur le maintien, l’instauration ou la régénération de ces écorythmes. 

Il existe deux types de transformation de territoires qui sont étroitement liés : la transformation d’une grande entité unique en une multitude d’éléments plus petits, et celle d’une zone mono-fonctionnelle vers une mixité des fonctions et des usages.
Ces deux transformations résultent en un degré plus élevé de complexité spatiale et fonctionnelle, qui est un des caractères essentiels d’une véritable urbanisation.
Dans ces transformations, un système composé d'éléments différenciés et plus petits est relativement plus flexible, plus capable de s’adapter. Si un élément tombe en panne, il peut attendre un changement ou un remplacement sans affecter une zone trop étendue. Si de nouveaux besoins émergent, ils peuvent être absorbés de façon plus égale dans le cas d’un modèle de distribution différenciée. Un mélange urbain très diversifié est plus évolutif qu'un grand regroupement mono-fonctionnel.

Le patrimoine est réputé tourné vers le passé, mais on peut faire à l’opposé l’hypothèse qu’il doit être tourné vers le futur. Le patrimoine est normalement considéré comme extraordinaire, mais ne faut-il pas s’intéresser à la définition d’un « patrimoine ordinaire » ? Le patrimoine est habituellement évalué comme objet architectural, cet atelier s’interrogera sur les manières de « faire patrimoine » – dans trois types de contexte qui en sont a priori dépourvus : la mutation de quartiers déshérités, la reconversion de grands bâtiments ou d’îlots délaissés, le re-développement de zones d’activités ou d’enclaves abandonnées.
On peut faire l’hypothèse que plus la ville, dans sa morphologie comme dans son fonctionnement, enchevêtre, ressaisit et met en scène les époques ou les étapes de son développement, plus elle développe ses capacités d’adaptation au changement, ses potentialités d’évolution urbaine et ses chances de résister à des crises brutales. La question posée est donc : faire patrimoine, est-ce augmenter la capacité d’adaptabilité de la ville de demain ? 

L'adaptabilité, c’est aussi donner aux procédés d’élaboration d’un projet la possibilité d'intégrer de façon créative l'incertitude, le manque de financement, le rôle inconnu de la compétition du site donné à l'avenir, ou même les transformations territoriales de longue durée qui l’affecteront.
Comment, en effet, la « période d'attente », avant la mise en œuvre d'un projet, pourrait-elle être structurée de manière à faciliter des scénarios multiples, à impliquer de nombreux acteurs, à permettre enfin des transformations éventuelles de la vision initiale des aménagements urbains ? Dans un tel cas, l’adéquation et l’intelligence du projet pourraient être assurées par des procédés de toutes sortes façonnés en continu par la dynamique du contexte du territoire. En d'autres termes, il s’agirait de laisser le temps au projet d’évoluer de façon organique, de croître tel une plante enracinée dans le site-même.

Il s’agit de sites qui, en raison de leur lien avec une entité plus grande, développent leurs potentialités urbaines. Cette entité peut être physiquement concrète, comme une infrastructure de transport, ou peut être un réseau virtuel de relations entre plusieurs nœuds urbains. Bien que les communautés qui habitent ou utilisent ces sites puissent être petites et apparemment isolées, la connexion avec le réseau leur ouvre des possibilités d’amélioration de leur vie urbaine par un nouveau mélange de différents programmes et une urbanité plus complexe.
Comment peut-on préparer ces territoires à résister aux différents scénarios qui pourraient affecter les autres éléments du réseau ou le réseau lui-même ? Devraient-ils être organisés de façon à ce qu’ils puissent adopter différents rôles au sein du réseau ? Comment peuvent-ils s'adapter à la possibilité de changements importants du réseau, voire à sa disparition, par la définition de leurs propres caractéristiques urbaines et architecturales ?