Vivifica

Limoges (FR) - Mention spéciale

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Associés : Annouk Soula (FR), Alexandre Teoli (FR) – architectes urbanistes, Aliénor Drapier (FR), Laura Roudeix (FR), architectes

europan.2021.laaa@gmail.com

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PORTRAIT D'ÉQUIPE

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?
Nous nous sommes rencontrés au cours de nos études à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, pendant lesquelles nous avons plusieurs fois eu l’occasion de travailler ensemble sur des projets touchant les échelles architecturales, paysagères et urbaines. Un moment fondateur fut notamment notre projet de fin d’études qui traitait des questions relatives au renouvellement du territoire de la Métropole Lyonnaise. A la suite de nos études, nous avons poursuivi des voies différentes mais complémentaires, partageant des questionnements et des engagements communs : travailler avec le déjà-là, donner une attention particulière au processus de projet et pas uniquement à sa formalisation, enrichir le projet en travaillant à différentes échelles du territoire à l’habitat. La thématique d’Europan 16 et le site de Limoges ont cristallisé notre envie de longue date de travailler ensemble au sein d’une même équipe. Nos différents parcours nous ont permis de constituer une équipe soudée et complémentaire pour Europan 16.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question de la session sur les Villes vivantes ?
La problématique principale du quartier Saint Martial réside dans sa fragmentation à la fois à l’échelle urbaine dans sa relation avec les quartiers du centre-ville, mais aussi à l’échelle du quartier lui-même. Pour nous, le sujet principal à explorer était ce paradoxe entre cette grande proximité géographique avec le centre-ville et l'enclavement du site. Le projet Vivifica, soit “redonner vie”, propose de capitaliser sur la géographie singulière et la riche histoire du site. Au travers de quatre thématiques, nous développons le sujet de la ville vivante :
●    la Ville vivante comme ville habitée
●    la Ville vivante au sens biologique du terme “vivant” et de nature
●    la Ville vivante comme lieu d’effervescence du vivre ensemble
●    la Ville vivante, le cycle de la ville
En procédant à des coutures sur le tissu urbain, le projet redonne une cohérence d’ensemble au quartier. Notre stratégie de projet s’appuie sur des outils opérationnels, plus ou moins frugaux, mobilisables selon les opportunités foncières, financières et temporelles de la ville de Limoges. Le projet propose une boîte à outil permettant une revitalisation phasée, modulable et adaptable aux financements et opportunités de la ville. Il illustre l’activation de ces outils sur plusieurs secteurs “pilotes”, qui se sont imposés comme les leviers de la transformation du quartier : la friche des reconquêtes (friche ENEDIS), l’esplanade des écoles (friche GRDF), la traversée des Sœurs de la rivière (îlot éponyme), et les places de l’Atelier (Garages et place des Jacobins). 

3. Comment les problématiques sur les vitalités métaboliques et inclusives et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Depuis l’Antiquité, le site a su vivre, se renouveler, et accompagner les mutations de la ville de Limoges : habitat mêlant artisanat et industrie, équipements civils, militaires et religieux ont animé successivement la vie de ce quartier. C’est un site en constante régénération comme nous l’a révélé l’analyse de son histoire parcellaire. Cependant, cette dynamique de renouvellement semble aujourd’hui s’être figée, en attente.
Par manque d'une vision d’ensemble portée sur ce site ?
Par manque d’outils opérationnels adaptés ?
Ou bien par manque de moyens pour porter ce renouvellement ?
Nous avons abordé ces questions dans notre projet Vivifica en interrogeant le cycle de régénération de la ville contemporaine. L’idée du processus a guidé le projet. Il ne se définit pas uniquement par sa formalisation, mais plutôt par les actions qu’il enclenche, parfois à très petite échelle et toujours dans une idée de phasage dans le temps. 
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Cette problématique de la ville vivante nous semble récurrente dans les projets urbains, architecturaux et paysagers, depuis un certain nombre d’années. Dans le cadre professionnel, nous avons pu travailler sur des études concernant des centres-villes et centres-bourgs dévitalisés, par exemple dans le cadre du programme Action Cœur de Ville, dans des territoires ruraux et métropolitains. Nous avons aussi une connaissance des problématiques liées aux sites industriels, encore actifs ou en friche, via notre travaille sur la Vallée de la Chimie dans au sud de la métropole lyonnaise, ou les friches industrielles de l’agglomération Clermontoise. Ces sujets posent des questions de cohabitation entre industrie et centres urbains, avec une ambition de décloisonnement de ces secteurs souvent enclavés et des problématiques de pollution des sols pour lesquels aucun usage n’a été projeté. Enfin, nous saisissons également les enjeux liés à la présence de l’eau dans la ville, avec notamment la réalisation d’un mémoire sur l’appropriation sensible des berges dans la ville par la mise en place d’outils opérationnels simples pour leurs usagers. Projets références :
●    Le parc Blandan à Lyon de l’agence BASE:
En ce qui concerne la problématique paysagère et des sols pollués, les outils que nous mettons en place s’inspirent du travail mené sur le Parc Blandan à Lyon, réalisé par l’agence de paysage BASE : ce projet de conversion d’un ancien site militaire en parc urbain, s’appuie sur une stratégie de reconquête des sols. La végétation constituée au cours des années de friche est en partie conservée au titre de paysage contemplatif, les dalles en béton sont ponctuellement excavées pour laisser place à des espaces densément plantés, inaccessibles qui contribuent à la dépollution progressive des terres.
●    Buropolis du collectif Yes We Camp à Marseille
Le travail du collectif Yes We Camp avec le projet Buropolis à Marseille nous a particulièrement inspiré sur les questions d’urbanisme transitoire et de conservation de l’existant. Le projet prévoit l’occupation d’un bâtiment désaffecté de 16 000 m²  voués à la démolition et sa mise à disposition pour des usages mixtes. 
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
La question du processus et de la relation aux acteurs du projet est un des éléments clés de notre projet. Dès le départ, nous avons cherché à élaborer un projet qui peut se décliner spatialement et temporellement et dont la stratégie générale pourra s’adapter aux contraintes (budgétaires en particulier) des acteurs de ce processus. Nous avons misé sur le développement de nouveaux usages, avec peu d’investissements et des stratégies d’urbanisme transitoire permettant de préfigurer de nouveaux espaces publics, modifiant la perception du site dans l’imaginaire collectif et accompagnant une mutation plus en profondeur en parallèle. Il était fondamental pour nous de sortir de la logique linéaire des projets urbains traditionnels. Les outils opérationnels développés par le projet sont des dispositifs permettant de s’adapter aux opportunités foncières et financières mises à disposition par la ville de Limoges. Une concertation étroite avec l’ensemble des acteurs du projet et de la ville permettra de définir les leviers et les points de départ opérationnels pour la revitalisation urbaine du quartier.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Cette mention spéciale pour notre première participation à Europan est un encouragement afin de poursuivre notre collaboration sous plusieurs formes possibles : participation à d’autres concours internationaux, mise en place d’un collectif, création d’une structure… Cinq ans après notre diplôme, nous sommes à la recherche d’un regard neuf à porter sur notre pratique professionnelle. Nous avons chacun expérimenté des sujets et des structures différentes dans nos parcours professionnels respectifs. Aujourd’hui, nous ressentons le besoin de porter notre voix et notre responsabilité face aux enjeux contemporains à la rencontre de l’architecture, du paysage et de l’urbanisme. Cette distinction du concours Europan qui porte ces enjeux de la ville de demain nous permet d’avoir une tribune pour nous exprimer sur ces sujets qui nous sont chers.

IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence :
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Fonction : architecture, urbanisme
Âge moyen des associés : 28 ans

L’équipe a-t-elle, en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble à plusieurs reprises au cours de nos études, tant sur des projets architecturaux, paysagers que urbains. Certains d’entre nous ont par la suite collaboré dans le cadre de candidatures pour des résidences architecturales organisées par le Réseau des Maisons de l’Architecture. Chacun dispose de plusieurs années d’exercice au sein de structures en tant que chef.fe.s de projet, dans lesquelles nous avons pu concevoir et réaliser de nombreux projets et études à des échelles variées. Europan 16 était l’occasion de collaborer conjointement autour de problématiques qui nous tiennent à cœur.