Articulations d'intérêt collectif

Évreux (FR) - Mention Spéciale

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe: François Massin Castan (FR) – architecte
Associée: Julie Travers (FR) – architecte
Collaboratrice: Mélanie Richaud (FR) – étudiante en architecture

66 Rue d'Allonville, 44000 Nantes (FR)
+33 787 201 580 – framascas@gmail.com – framascas.com

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M. Richaud, J. Travers et F. Massin Castan

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?

Nous avons constitué cette équipe pour Europan 14, avec un intérêt pour les complémentarités de nos approches dans nos pratiques quotidiennes. Si nous sommes tous trois architectes de formation, nos parcours respectifs mettent en perspective des expériences et des visions prospectives très diverses de la fabrication des villes et des territoires. Le site d’Evreux, loin d’être délimité à la gare, mettait en avant des problématiques à de multiples échelles géographiques, que chacun a pu explorer pour identifier plusieurs enjeux et faire émerger un processus de projet à plusieurs vitesses.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?

Notre posture initiale est de considérer les caractères productifs d’une ville comme sa capacité à générer des échanges de toute nature, en favorisant la rencontre d’usagers aux chrono types variés. Car ce sont bien ces échanges — qu’ils soient de biens, de services, de savoirs — qui fabriquent principalement la cité. Notre proposition s’attache à identifier des situations de rencontres dans le tissu urbain existant propice aux croisements de différents programmes, et donc d’usagers. Sous forme d’articulations mêlant des interfaces de mobilités à d’autres activités productives, ces interventions pluri-scalaires visent à initier des dispositifs hybrides support de lien social. Ce phénomène est déjà observable sur des opérations de grande ampleur : les fusions progressives entre interfaces de mobilité et activités prennent forme aujourd’hui au niveau des gares ou encore des aéroports de grandes métropoles, se transformant rapidement en centres commerciaux à même de capter de multiples flux. Mais nous y imaginons des synergies plus locales, sociales et adaptables à ces mutations contemporaines, et le site d’Evreux nous a alors semblé idéal pour explorer ces nouvelles modalités de rencontres productives. « Organiser l’échange de mobilités, stimuler la mobilité des échanges » pourrait synthétiser l’enjeu collectif de notre projet.
 

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Intimement liés, les devenirs de la gare et du centre-ville sont pourtant conditionnés par des contraintes issues du grand territoire et sont de natures différentes. D’une part, il y a ce symptôme inhérent à la topographie d’une vallée, où les parties hautes et basses se distinguent fortement et peinent à dialoguer. De nombreux tracés parallèles aux côteaux (voiries structurantes, rivière, rails…) amplifient cette segmentation linéaire de la ville. D’autre part, on y observe ce phénomène récurrent de découpages monofonctionnels, avec un tissu urbain plus sectorisé et au final très peu interconnecté. C’est pourquoi nous avons souhaité constituer une méthode de révélation, articulée, et non figée, afin de convertir ces contraintes en atouts. Par ajustements ciblés, il s’agit d’insérer une dimension intermédiaire et hybride à des instants urbains aux forts potentiels. Le site de la gare est une de ces articulations et son évolution doit être nourrie par ces expériences qui l’entourent.

 

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Sans directement traiter la problématique de la ville productive, nous avons été confrontés aux questions de la mutation d’infrastructures, des interventions localisées, de la mobilité et du paysage lors de nos études, de nos expériences professionnelles ou associatives. Les nombreuses références que nous avons convoquées lors de nos recherches ont toutes en commun un intérêt prononcé pour le dépassement d’une réponse programmatique et fonctionnelle et pour la valeur ajoutée par des processus inclusifs.
 

 

5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?

Le projet développe cette question sur le mont de la fabrique. La programmation imaginée sur ce lieu suppose d'associer L'ENSMM, L'Université, Le FEMTO et La Ville de Besançon. Un phasage permet de décloisonner progressivement, lieux de production et ville, tout en valorisant un foncier stratégique. Ceci amorce une nouvelle image grâce à un espace public majeur support d'un nouveau quartier d'innovation.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Cette problématique constitue en partie la première étape de notre réflexion, en parallèle de notre analyse, tant nous la considérons comme essentielle pour une proposition urbaine pertinente. Les sessions précédentes de « villes adaptables » ont mis en lumière cette réalité. D’une part, notre proposition repose sur la capacité d’intervenir sur l’axe nord-sud par petites touches, selon les porteurs de projet, les temporalités et les montages adaptés, tout en gardant l’objectif collectif d’un axe fédérant différentes entités urbaines propres à Evreux. De multiples initiatives et degrés d’implications peuvent alors naître, formant autant d’interventions potentielles et indépendantes. Elles initient une mécanique réflexive faisant projet urbain, conduisant chacun à s’interroger, à participer, à échanger, en somme à contribuer collectivement à la production de la ville. Chaque acteur peut trouver sa place dans ce processus.