De la manzana al mercado

Torrelavega (ES) - Mention Spéciale

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentante d’équipe: Raphaël Hoyet (FR) – urbanist Associés: Lara Bretones Torrecilla (ES) – architecte urbaniste; Alba Navarrete (ES), María García (ES) – architectes

Made in - 80 du faubourg Saint-Denis, 75010 Paris (FR)
+33 144 836 699 - contact@made-in.work - made-in.work
Improvistos - Navarra 24bis 2°A, 28039 Madrid (ES)
+34 914 597 592 - infor@improvistos.org - improvistos.org

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L. Bretones Torrecilla, R. Hoyet, A. Navarrete & M. García 

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?

Notre équipe est l'association de deux agences d’urbanisme qui partagent une même approche urbaine mais qui utilisent des moyens et méthodes différents. L’agence Improvistos (Madrid) avec Alba Navarrete et María García, ont une approche créative, où le dessin intervient au fondement de la réflexion : les idées se dessinent in-situ, les parcours deviennent vivants et l'échange se crée. L’agence Made in (Paris) avec Lara Bretones et Raphaël Hoyet, souhaite inclure les différents acteurs de la ville dans son processus de conception à travers des ateliers « maquette ». Malgré des parcours personnels et professionnels différents, nous prônons la prise en compte de l’échelle urbaine dans les projets. L'opportunité de mélanger nos pratiques et nos cultures professionnelles s'est matérialisée en répondant au concours Europan, sur le site de Torrelavega que connaissait déjà deux membres de l'équipe, l'une d'improvistos (Alba) et l'autre de made in (Lara).

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?

Torrelavega est un archétype du déclin que peuvent subir les villes qui ont été très intégrées dans le développement industriel au XXème siècle. La prospérité passée a laissé la place à de nouvelles réalités : perte d'habitants, augmentation du chômage et l’apparition d'espaces délaissés, abandonnés. Cette conséquence spatiale dépasse la simple architecture car “ces vides” matérialisent des problématiques sociales, économiques, environnementales, etc. Partant de ce constat, le projet a pour ambition de reconfigurer l’espace de production dans la ville en s’appuyant sur ses potentialités propres et déjà existantes. Ce nouveau regard sur l'organisation spatiale de Torrelavega permet d’entremêler des activités productives et récréatives, culturelles et agri-culturelles. La mixité vient de l'interaction dans le tissu urbain entre ces types d'activités. Le déploiement de cette stratégie dans toute la ville permet de mettre en réseau différentes parties de la ville et créer des liens aujourd’hui peu visibles.
 

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

En intervenant à différentes échelles, notre proposition ne pouvait se cantonner aux limites du bâtiment d’étude. Dans un double mouvement, le marché aux bestiaux central est devenu le cœur de la stratégie urbaine et, en retour, celle-ci définit les bases de sa reconfiguration spatiale. Nous souhaitons dépasser la dialectique producteur/acheteur pour mettre la formation au centre du renouvellement de la ville productive. Et celle-ci a besoin de lieux emblématiques et fédérateurs. L'évolution du bâtiment devient le déclencheur pour une stratégie qui se déploie à l'échelle de la ville.

 

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Pour nous, la problématique de la production, du retour d'une activité en ville autre que commerciale, est centrale dans notre travail, en particulier sur l'existant. L'urbanisme transitoire et l'urbanisme tactique ont permis de faire évoluer les mentalités sur la capacité d'auto-activation de lieux emblématiques (exemple des Grands Voisins), mais il est également nécessaire de déployer la stratégie dans toutes les strates de la ville. Pour nous, l'émergence d'une mixité spatiale et fonctionnelle de long terme repose sur l'évolution de l'utilisation des pieds d'immeuble. Nous traitons particulièrement ce sujet dans tous nos projets.
 

 

5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?

Dès le concours, nous avons proposé la mise en place d'un processus participatif à la fois auprès des citoyens habitants, des acteurs du Marché aux Bestiaux et des services de la ville. Étant donné d'une part l'ambition du projet à l'échelle de la ville et d'autre part la charge symbolique du Marché pour Torrelavega, le processus doit concerner tous les habitants et toutes les forces vives. Dans nos pratiques respectives de l'urbanisme, nous développons des méthodes pour opérer cette coordination qui représente, pour nous, une véritable conception collective.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Si Raphaël Hoyet a collaboré avec une équipe lauréate de la précédente session, Projet Base Vie à Goussainville (FR), nous n'avons pas été primé à Europan. Pour nous, il s'agit d'une réelle opportunité de faire voir notre approche à un public plus large que celui que l'on touche dans notre travail quotidien. Nous espérons, en outre, pouvoir rencontrer la collectivité pour expliquer comment notre démarche à l'échelle de la ville peut se mettre en place, indépendamment de l'organisation spatiale proposée par les équipes lauréates, concentrées plus sur le marché.