N'attends pas la métropole

Douaisis (FR) - Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Associés : Myriam Mabrouki (FR), Bertrand Goguillon (FR) – architectes, Gilles Huchette (FR) – urbaniste, Salomé Capirchio (BE) – architecte urbaniste

44 rue Eugène d’Hallendre, 59 110 La Madeleine (FR)
+33 7 83 17 10 31
salome.capi@gmail.com

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PORTRAIT D'ÉQUIPE

VIDEO (par l'équipe)

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?
Notre équipe s’est constituée par l’association de 4 architectes et urbanistes engagés dans des projets professionnels distincts. Nous partageons néanmoins un fort intérêt pour les projets de territoire multiscalaire et Europan a été l’opportunité pour nous de collaborer, d'échanger et de construire ensemble un projet, mêlant des réflexions territoriales et architecturales.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question de la session sur les Villes vivantes ?
Trois axes ont conduit notre réflexion dans le contexte urbain post-industriel de Dorignies :
- Proposer des échelles d’interventions (spatiales et temporelles) et des partis-pris sur l’économie du projet, au service de sa frugalité et de sa durabilité.
- Inviter à expérimenter des solutions d’appropriation citoyenne, au service d’un “métabolisme inclusif” offrant de réelles opportunités pour les habitants.
- Rechercher les formes que peuvent prendre la vitalité métropolitaine dans un contexte de ville moyenne.
Le thème E16 “Villes vivantes”, et plus précisément sur le site Douaisis Agglo “une nouvelle utopie sociale”, résonne avec l’histoire du quartier, qui s’est construit au travers d’autres utopies liées à son passé industriel. Notre réponse n’a pas été d’imaginer une nouvelle forme d’utopie à proprement parler, mais plutôt de recycler, détourner et révéler les formes urbaines existantes. Ainsi, un changement de regard sur le patrimoine existant devient le point de départ des dynamiques futures. Dans ce projet, nous parions sur la capacité des habitants à co-construire, à mettre “la main à la pâte” pour faire émerger et réaliser les différents projets proposés. L’utopie, c’est également la capacité des collectivités à ré-inventer des échelles d’interdépendance intercommunales, dans le but de porter de nouvelles formes de projets communs. L’utopie, c’est enfin croire en la valeur de son patrimoine, comme matière première ré-employable.

3. Comment les problématiques sur les vitalités métaboliques et inclusives et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Dans notre proposition, les infrastructures et superstructures existantes, héritées de l’époque minière, sont le support de nouvelles vitalités métaboliques et inclusives. Elles permettent d’agir simultanément à l’échelle locale, en fédérant les différents quartiers de Dorignies aujourd'hui isolés, et à l’échelle métropolitaine en stimulant l’interaction des petites villes le long du canal et du chemin de fer. Ces collaborations permettent d’imaginer :
- Une nouvelle forme de métropolisation, partagée, et itinérante. Sur les berges du canal, des péniches deviennent des équipements publics intercommunaux et mobiles. ( médiathèque, cinéma de plein air, scène….) Dans la friche ferroviaire, des wagons accueillent des locaux associatifs et le matériel nécessaire pour faire vivre l’espace public. ( Buvette, Scène, Sonorisation …)
- Un nouvel art de bâtir à travers le réemploi local, support de nouveaux métabolismes socio-économiques. Les 35 000 rénovations de logements miniers prévues dans le cadre de l'ERBM sont un gisement suffisant pour développer une filière de réemploi dans les anciennes halles de la Fosse n°3 des mines de l’Escarpelle. La réhabilitation de la tour Delattre et l’extension du centre social sont des projets pilotes pour expérimenter cette démarche.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
La vision métabolique de la ville, au sens où l’on cherche à comprendre, respecter et valoriser l’intégralité des flux qui animent un territoire, humains et non humains (matériaux, animaux, énergies, flore, véhicules, etc.) n’est pas une approche que nous avons eu l’occasion de rencontrer dans nos parcours professionnels respectifs. Pourtant, l’avantage de cette posture est d’ouvrir des échelles spatiales et temporelles nouvelles, et d’identifier des possibilités d’interactions au service de la qualité du projet. Cette session d’Europan représente de notre point de vue un réservoir d’idées et de références utiles pour diffuser cette culture de la “ville vivante” au sein des maîtrises d’ouvrage.
- Instant City, Archigram, 1969-1970 Ce projet théorique a inspiré notre réponse à la métropolisation des villes moyennes par l’usage de péniches et de wagons.
- Exposition Matière grise, Encore Heureux Architectes, 2014 Pour leur logique métabolique concernant les matériaux qui crée une nouvelle esthétique dans l’art de bâtir.
- Europa, siège du Conseil Européen, Samyn and partners,Bruxelles, 2005-2016 Ce projet nous a inspiré pour la façade de la tour Delattre en menuiseries réemployées.
- Réhabilitation de La tour Bois Le Prêtre, Druot, Lacaton et Vassal architectes, Paris, 2011 Les architectes démontrent avec force que “La démolition n’est pas un préalable”. 
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
Nous proposons trois rapports au temps avec les acteurs concernés :
- L’instantané ; ne pas attendre. L’utilisation de péniches et de wagons permet de transformer rapidement le territoire, de tester, de partager, d’échanger.
- Le faire ; au fil de l’eau et des années : permet à l’usager de s’investir dans le projet, de bien l’appréhender et de l’enrichir considérablement par son retour d’expérience et sa pratique quotidienne,
- La prospective : oser se projeter dans des futurs qui peuvent paraître inquiétants, mais qui permettent de prendre à temps des trajectoires gagnantes pour l’avenir. Par exemple : la mutation de la ligne ferroviaire Lille-Douai va s’opérer dans les décennies à venir, aussi la question du franchissement du faisceau ferré a été pensée en anticipant la possibilité de faire “tomber les clôtures” grâce à un régime train-tram desservant le chapelet de petites villes, et qui rendrait de fait inutile l’investissement d’une passerelle.
Sur le plan spatial, nous proposons de dépasser les périmètres administratifs et de nous affranchir des interdépendances territoriales que l’on croit inéluctables. Il s’agit alors d’aborder les coopérations autour de données matérielles concrètes et opérantes : Comment un canal unit les habitants qui vivent sur ses rives et redessine un territoire métropolitain ? Comment, dans un contexte de pénurie de matériaux, peut-on collaborer et faire émerger de nouveaux projets à partir du gisement que représente le patrimoine bâti du bassin minier ?

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan ? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Oui, c’est une première participation pour l’ensemble des membres de l’équipe. Le concours Europan offre l’opportunité d’aborder différemment des problématiques récurrentes de notre pratique professionnelle. Ces réflexions vont sans aucun doute nourrir notre production. Nous espérons que notre projet pourra avoir un écho à Dorignies, mais également dans des quartiers similaires du bassin minier.

IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence :
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Fonction : architecture, urbanisme
Âge moyen des associés : 34 ans