Vallées Mutuelles

Niort (FR) - Lauréat


Omrane Toumi, Mélissandre Phan et François Perraud
 

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Associés : Mélissandre Phan (FR), Omrane Toumi (FR) – paysagiste-concepteurs, François Perraud (FR) – architecte

atelier -kosmes
5 rue de la Procession,
Saint-Maur-des-Fossés, France
+33 9 88 03 41 14
contact@atelierkosmes.com / www.atelierkosmes.com 

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PORTRAIT D'ÉQUIPE

VIDEO (par l'équipe)

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?
L’atelier -kosmes est un atelier de paysage fondé par Toumi Omrane et Mélissandre Phan, tous deux paysagistes-concepteurs d.p.l.g. L’atelier développe une approche attentive, prenant appui sur les relations que tissent le vivant et son espace géographique, naturel et anthropique, pour développer des processus d’aménagement résilients et s’attachant aux spécificités de chaque territoire.
François Perraud, est architecte et exerce au sein d’une agence de paysage. Son parcours l’amène à considérer l’approche paysagère comme indissociable d’une pensée contemporaine de l’aménagement du territoire, partant d’une lecture fine des caractéristiques physiques du site pour amener le projet.
Nous nous sommes rencontrés lors de notre formation à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et, au travers de nos sensibilités partagées, nous avons commencé à construire une approche pluridisciplinaire de l’écologie de projet.
Le thème « Villes vivantes » de ce concours Europan a été l’occasion de nous retrouver pour développer et enrichir une réflexion prospective à l’échelle d’un grand territoire.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question de la session sur les Villes vivantes ?
Face aux enjeux de l’accélération du dérèglement climatique, de la perte de la biodiversité et de leurs impacts sur la viabilité de nos aires urbaines, nous portons un postulat selon lequel retrouver des « villes vivantes » nécessite de déconstruire une vision anthropocentré de l’aménagement des territoires, afin de les reconsidérer au travers de leurs fonctionnalités écologiques, à l’appui de leurs spécificités locales (géographique, hydrologique, pédologique, …).
Ces phénomènes climatiques, amplifiés par l’action anthropique, sont souvent appréhendés par la notion de risque (crues, inondations, sécheresses, …). Un changement de paradigme est alors nécessaire pour en faire des leviers de résilience spontanés. Les structures géographiques qui en résultent sont porteuses de dynamiques régénératrices autant écologique, économique, sociale que sensible, au contact desquelles nos aires urbaines doivent se transformer pour devenir viables.

3. Comment les problématiques sur les vitalités métaboliques et inclusives et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
L’agglomération de Niort occupe une position charnière dans le bassin versant de la Sèvre Niortaise, entre affluents de la Sèvre en amont et marais Poitevin en aval. Cette situation géographique, permettant historiquement de tirer parti des ressources poitevines, associée à ce contexte de dérèglement climatique et de dégradations anthropiques, fait de Niort et ses villes périphériques, un territoire en proie, paradoxalement, aux phénomènes de sécheresse (îlots de chaleur, assèchement des nappes phréatiques) et d’inondation (crues de la Sèvre et du Lambon, remontées de l’aquifère supérieure dans ses vallées et plaines).
La morphologie urbaine du territoire Niortais tend à s’homogénéiser et à se développer de manière systémique le long d’axes de desserte radiaux. Elle fait fi des perméabilités nécessaires au territoire pour faire face à des situations de sécheresses et d’inondations qui vont s’amplifier.
Il s’agit alors de recontextualiser les problématiques initiales de développement de mobilités douces, d’émergence d’une identité poitevine, de restructuration des zones d’activités et des friches agricoles des villes périphériques de Niort, par rapport à un socle et une hydrographie vivante.
Nous avons identifié qu’une des composantes qui a été négligée dans le développement récent de la ville sont les vallées du territoire. Le projet propose alors de les reconsidérer, à l’échelle de l’agglomération Niortaise, comme axes structurants alternatifs d’aménagements pour une ville vivante : zones d’extensions des crues fertilisant les sols et supports d’une ressource vivrière en circuits courts, lits de rétention naturels pour constituer des réserves d’eaux, corridors de biodiversité et d’îlots de fraîcheurs urbains, axes de mobilités douces, étendues de sols vivants où s’imbriquent espaces publics végétalisés, économies locales et sites d’expérimentations des systèmes productifs et d’aménagement d’avenirs.
C’est cette charpente vivante qui vient contrebalancer le schéma radial de l’agglomération Niortaise et autour de laquelle se restructurent les communes périphériques selon leurs caractéristiques géographiques, géologiques et hydrographique.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
L’approche par le paysage de l’aménagement du territoire nous permet aujourd’hui de réfléchir à un nouvel équilibre avec le vivant. Repenser sa place et de nouvelles formes d’interactions avec nos lieux de vies est au centre de notre pratique et de notre approche. Nous l’abordons sous différentes échelles, que ce soit au travers de projet de désimperméabilisation et de végétalisation de cours d’écoles, d’aménagement et de renaturation d’Espaces Naturels Sensibles ou encore d’études de redynamisation des centres-bourgs d’un département comme la Creuse.
Les travaux de Gilles Clément, de Baptiste Morizot ou encore de Francis Hallé sont, en ce sens, des sources fructueuses de réflexion, mais notre « philosophie-référence » émerge surtout des sites eux-mêmes. Ici, pour faire émerger cette charpente territoriale, nous nous sommes inspirés du fonctionnement hydraulique et sédimentaire du Marais Poitevin, de l’implantation historique de Niort par rapport aux ressources naturelles du territoire, du récit de la capitale des mutuelles qui marquent l’économie locale pour en faire une capitale des mutualisations.

5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
La régénération d’une telle charpente paysagère, à l’échelle de l’agglomération Niortaise, nécessite de créer un cadre collectif de mobilisation, de réflexions, de débats, de planification et de mise en action à court et à long terme, regroupant acteurs publics comme acteurs privés du territoire.
Pour cela, nous proposons la création d’un Plan Guide d’Aménagement des Vallées du territoire Niortais, permettant de développer un outil de planification coopératif pluriannuel, au sein duquel se construira une vision, des objectifs et une gestion partagés et mutualisés de cette nouvelle charpente salvatrice.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan ? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
C’est effectivement la première fois que notre équipe est primée au concours Europan. Cette session nous a permis de développer une approche prospective du vivant à l’échelle d’un vaste territoire urbain et agricole, et ainsi d’enrichir notre approche pour de futurs projets opérationnels.

IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence :
Atelier -kosmes - Saint-Maur-des-Fossés (FR)
Fonction : Paysagiste, architecture
Âge moyen des associés : 29 ans

L’équipe a-t-elle, ensemble en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
L’atelier -kosmes exerce en tant que conseil et maître d’œuvre dans l’aménagement d’espaces urbains, ruraux et naturels. Nous travaillons sur des projets ayant pour dénominateur commun la place du vivant, comme par exemple :

  • La programmation partagée pour la désimperméabilisation, la végétalisation et le réaménagement d’écoles dans le Val-de-Marne avec le CAUE94 ;
  • Diverses études et maîtrises d’œuvres en tant que mandataire pour l’aménagement et la renaturation d’Espaces Naturels Sensibles pour le Conseil Départemental de Seine-et-Marne (77) ; 
  • L’aménagement et la reconquête écologique et participative d’un jardin partagé à Paris, lauréat du concours « Réemploi » ; 
  • L’élaboration d’un plan de redynamisation pour la Direction Départementale des Territoires de la Creuse commandé par le Ministère de l’écologie et des solidarités ; 

En tant qu’indépendant, François Perraud a été lauréat d’un concours pour la réhabilitation de la place de la Marine de Porto, sur la commune d’Ota en Corse, en site Unesco.