Une muraille de logements

1996
Les architectes sont partis du constat que la ville contemporaine s’est développée de manière désordonnée dans un urbanisme hybride mélangeant un habitat spontané et illégal, des barres  de logements sociaux et les réseaux de déplacements. Ce mélange pose des conditions spécifiques pour la création d’une urbanité réclamée par la ville.
Le site, composé des trois éléments hétérogènes, ne permet pas en effet de créer des espaces ouverts suffisamment protégés; c’est pourquoi, le projet concentre les énergies et propose un seul bâtiment horizontal, longeant l’autoroute. Divisé en cinq «L», dont chaque branche varie de longueur pour s’adapter à la forme triangulaire du site, cette barre génère une série de cours et de jardins intérieurs ouverts sur la ville existante.
Les logements sont en partie des duplex accessibles par des coursives. Les simplex sont desservis par des couloirs conçus comme des espaces communs ouverts sur ces espaces intérieurs protégés.
Le projet se veut un signe fort qui allie identité urbaine à l’échelle du territoire et de l’autoroute et domesticité à celle de l’habitat  protégé des nuisances.

1996-1998
L’étude permet de préciser la volumétrie du nouveau bâtiment dans l’alignement de la voie rapide sur un site aux conditions géométriques abstraites et tenant compte de règles particulières liées à l’infrastructure.
Pour répondre à la demande de la ville d’une identité forte pour ce quartier, l’équipe conserve l’idée du concours en traitant l’arrière du bâtiment comme une façade unitaire vue de la voie express et qui sert en même temps d’écran sonore et visuel pour les logements. Le bâtiment doit permettre une interface entre le rythme rapide de l’activité extérieure et le rythme plus lent et léger des usagers.
En mars 1997, une mission est donnée aux architectes pour concevoir les 174 logements et  les parkings. Le projet de base est affiné et détaillé. Pour répondre aux règles draconiennes dictées par les nuisances sonores liées à l’infrastructure, les architectes conçoivent la façade arrière comme une peau protectrice. Elle abrite un projet très proche de celui du concours : cinq bâtiments en forme de «L», perpendiculaires à la voie rapide ainsi qu’une série de jardins collectifs intérieurs.
Elle est composée de panneaux préfabriqués en béton coloré en rouge oranger dans la masse.
Le long de cet écran protecteur courent les galeries d’accès aux duplex : espaces semi-collectifs, de transition entre les espaces intimes, calmes et les espaces extérieurs, collectifs, bruyants.

1999-2002
La réalisation finale est le reflet exact du concept initial : un symbole urbain fort, une grande façade unitaire rouge. Cette force s’opère grâce à une composition complexe de cette surface : lumineuse grâce aux fissures verticales qui séparent les différents bâtiments ; révélatrice du mode de distribution par de larges ouvertures verticales contenant les cages d’escaliers ; traversante grâce à des cubes vides contenant des espaces de sociabilité ; horizontalement accentuée grâce aux lignes des galeries alternées aux lignes des fenêtres de logement.